Avant 1286
Les premiers habitants de l’Écosse ont laissé peu de traces de leur présence pendant le Paléolithique (jusque vers environ 8000 avant notre ère). Ils étaient probablement tous des chasseurs et des pêcheurs se bornant à des incursions à l'intérieur du pays. Toutefois, au cours du Néolithique (vers 4000-2000 avant notre ère), on décèle nettement deux courants de colonisation. L'un, parti de la Méditerranée et empruntant l'ancienne voie commerciale reliant la Méditerranée à la Baltique, atteignit les côtes occidentales et septentrionales de l’Écosse par la baie de Biscaye. Le second arriva d'Europe continentale et, par la mer du Nord, atteignit la côte est. Environ à la même époque, ces deux migrations établirent des colonies de peuplement sur les côtes occidentales et orientales, et pénétrèrent à l'intérieur des terres par les vallées fluviales. Les nouveaux venus, qui étaient des paysans éleveurs de bétail et d'animaux domestiques, colonisèrent progressivement l'ensemble de l’Écosse. La population occidentale, au crâne allongé, est connue pour ses cairns funéraires, tombeaux composés d'une suite de "chambres" qui formaient une sorte de crypte familiale, tandis que les colons orientaux, au crâne rond, enterraient leurs mors individuellement dans de petits cistes (tombes délimitées par des dalles de pierre).
Au cours des siècles qui précédèrent le début de notre ère, des peuplades celtiques fondèrent de nouvelles colonies : ces nouveaux venus connaissaient le travail du fer et, sous l'autorité de leurs chefs, formaient des communautés organisées, habitant des forts construits sur des collines. C'est pour se protéger contre leurs incursions que les Romains, après l'échec de leur tentative de conquête de l’Écosse, construisirent les "murs" allant de la rivière Tyne, en Angleterre, au firth de Solway, et de la rivière Clyde au firth de Forth. A l'occasion, des expéditions punitives furent organisées par delà les murs (expédition de Julius Agricola au-delà de la Clyde, en 80), mais l'influence romaine en Écosse du Nord fut peu importante. En 84, les tribus celtes, unies derrière leur chef Calgacus, furent mises en déroute par les légions romaines à Ardoch. Le Sud même, bien qu'il connût par moments l'occupation militaire, n'eut que peu de contact avec la civilisation romaine.
Les
Pictes, les Scots, les Bretons, les Angles et les Vikings
Avant le retrait des légions
romaines de Grande-Bretagne, des Scots venus d'Irlande (vers 503) établirent
leur souveraineté sur le royaume du Dalriada (aujourd'hui l'Argyll, sur la côte
ouest). Peu après, les Angles commencèrent à occuper le Lothian, et les Bretons
qui avaient été soumis à la domination romaine furent refoulés vers l'ouest.
Ainsi, vers 600 de notre ère, quatre peuples différents étaient installés dans
l'Ecosse continentale. Les Pictes occupaient la majeure partie des
Hautes-Terres (Highlands), à l'exception de la colonie de Scots du Dalriada
(l'Argyll), tandis que les Basses-Terres (Lowlands) occidentales (le
Strathclyde) étaient occupées par des Bretons partiellement romanisés, et que
les Basses-Terres du sud-est (le Lothian) étaient sous la domination des
Angles. Pendant un certain temps, ces derniers semblèrent sur le point
d'étendre leur autorité au nord et à l'ouest, mais leur avancée fut définitivement
arrêtée par les Pictes à la bataille de Nechtansmere (685).
Les raids et les invasions
scandinaves introduisirent un nouvel élément à la population et c'est en grande
partie pour des besoins de défense que Kenneth MacAlpin (Kenneth Ier) se fit
reconnaître comme le souverain d'un royaume picto-écossais uni, parfois appelé
Alban (vers 843). Ce n'est qu'après la bataille de Carham (1016 ou 1018) que le
Lothian finit par être annexé à Alban. En 1034, le Strathclyde, après une
longue période où il ne fut qu'un Etat satellite, fut également incorporé dans
un royaume uni d'Ecosse, qui, au début, ne comprenait ni les îles ni les comtés
les plus septentrionaux de l'Ecosse continentale. Le Caithness et le Sutherland
furent repris aux Vikings par Guillaume le Lion (Guillaume Ier, qui régna de 1165
à 1214), même si l'autorité royale n'y fut que nominale jusqu'au règne de
Jacques IV. Après la bataille de Carham, la partie des Hébrides qui était
rattachée au Lothian et l'île de Man furent également reprises (1266). Mais,
ici encore, jusqu'au règne de Jacques IV, les seigneurs insulaires demeuraient
en pratique plus souvent des souverains indépendants que des vassaux écossais.
Les Orcades et les Shetland furent offertes en dot à l'Ecosse par Christian Ier
de Danemark en 1468-1469, à l'occasion du mariage de sa fille avec Jacques III,
et depuis lors ces îles firent partie du royaume d'Ecosse. Ainsi fut achevée
l'unité géographique, sinon politique, du territoire.
L’implantation
du christianisme
Saint
Ninian et saint Kentigern comptent parmi les tout premiers missionnaires
chrétiens réputés avoir œuvré en Ecosse ; toutefois, selon toute
vraisemblance, c’est un Scot d’origine irlandaise, saint Columba (Collum Cille,
mort en 597), qui joua un rôle particulièrement actif dans la christianisation
des hautes-Terres, à partir du monastère qu’il avait fondé sur l’île d’Iona
(vers 563). L’Eglise celtique formait un corps puissant de missionnaires, mais
il lui manquait la solide structure des organisations romaines. Mis en minorité
au synode de Whitby (664), le clergé celtique se retira en Ecosse et, un demi-siècle plus tard, les
Pictes et les Scots avaient accepté la suprématie et adopté les coutumes
romaines. Dunkeld, la capitale ecclésiastique, fut bientôt remplacée par Saint Andrews. Sainte
Marguerite, princesse anglaise qui épousé Malcolm III, mit tout en œuvre à la
fin du XIème siècle pour amener l’Eglise écossaise en conformité plus étroite
avec les réformes effectuées dans l’Eglise catholique romaine. Sous ses fils,
qui régnèrent dans la première moitié du XII ème siècle, des diocèses réguliers
furent établis. Les ordres monastiques prévalant sur le continent furent
introduits, et un système de paroisses instauré. Le paiement d’une dîme
destinée à soutenir les églises paroissiales devint obligatoire.
Le
plus jeune de fils de la reine marguerite, David 1er (qui régna de
1124 à 1153), avait vécu longtemps à la cour d’Angleterre et épousé une
héritière anglaise. Il réorganisa toute la structure de l’Eglise et de l’Etat
écossais suivant le modèle anglo-normand. L’ancienne coutume celtique de
succession collatérale à la couronne fut remplacée par la primogéniture. David
1er distribua des terres aux nobles anglo-normands, qui devinrent
ses lieutenants, chargés du maintien de l’ordre. Des shérifs furent établis
dans les châteaux forts royaux pour rendre la justice, percevoir les impôts et
les loyers, e, plus généralement, pour exécuter les ordres du roi, tandis que
de nombreux bourgs fortifiés furent fondés pour servir de poste militaires et
de commerce. Dans le nord, ce nouveau système se superposa aux anciennes
pratiques celtiques, plutôt qu’il ne les remplaça ; mais, même ainsi, il
se révéla un puissant facteur d’unification.
Fixation de
la frontière entre L’Ecosse et l’Angleterre
En dépit de ses attaches
anglaises, David Ier poursuivit la politique d'expansion vers le sud de ses
prédécesseurs, et, grâce à la faiblesse anglaise sous le règne d'Etienne, il
parvint à se rendre maître des comtés du nord de l'Angleterre. Toutefois, Henri
II reprit la maîtrise de ces terres lors de son accession au trône d'Angleterre.
Dans une tentative de les récupérer pour l'Ecosse, Guillaume le Lion fut
capturé à Alnwick en 1174; forcé d'accepter le traité de Falaise, il dut
reconnaître qu'il tenait la totalité de son royaume comme fief des mains du roi
anglais. Toutefois, en 1189, Richard Ier d'Angleterre renonça à cette
suzeraineté sur le royaume d'Ecosse, en échange des fonds dont il avait besoin
pour financer sa croisade.
Ainsi, dans la pratique, la
frontière fut délimitée, au cours du XIIIe siècle, par la rivière Tweed, les
Cheviots et le firth de Solway, et pendant un siècle environ une paix relative
régna entre l'Angleterre et l'Ecosse. C'est en partie pour cette raison que les
règnes d'Alexandre II (1214-1249), successeur de Guillaume le Lion, et
d'Alexandre III (1249-1286), passent parfois pour l'âge d'or de l'Ecosse. Il
s'établit un système de gouvernement centralisé, le commerce et l'agriculture
prospérèrent, et les Hébrides furent reprises aux Vikings.
La mort d'Alexandre III,
suivie, quatre ans plus tard, de celle de sa petite-fille Marguerite, une
Norvégienne encore enfant destinée à lui succéder, permit à Edouard Ier
d'Angleterre d'imposer aux Ecossais sa suzeraineté sur toute l'Ecosse. Jean
Balliol (qui régna de 1292 à 1296) fut élu roi d'Ecosse, et, après son
couronnement à Scone, il rendit hommage à Edouard Ier, qu'il reconnut comme son
suzerain. Mais, traité en vassal, Balliol contracta une alliance avec la
France, en 1295 (the "Auld Alliance"). Ainsi commencèrent les guerres
d'indépendance écossaises.
La campagne d'Edouard en
Ecosse (1296) fut couronnée d'un plein succès, et Balliol dut renoncer à sa
couronne. Guillaume Wallace apparut alors, mais, après avoir mis en déroute une
armée anglaise à Stirling Bridge (1297), il essuya une défaite cinglante à
Falkirk l'année suivante. Edouard, bien que sollicité par la guerre contre la France
et l'agitation intérieure, parvint à s'emparer de Wallace (1305), et se rendit
de nouveau maître de l'Ecosse. De façon inattendue, la cause écossaise fut
alors défendue et gagnée par un noble anglo-normand, Robert Bruce (Robert Ier,
qui régna de 1306 à 1329), dont le grand-père avait été le principal concurrent
de Balliol dans la compétition pour le trône écossais.
Bien qu'il eût assassiné son
plus dangereux rival, Jean (le Rouge) Comyn, dans l'église franciscaine de
Dumfries, en 1306, peu avant de s'emparer de la couronne, Bruce obtint
néanmoins le soutien de la plus grande partie de la petite noblesse et du
clergé écossais. Il profita du fait qu'Edouard II d'Angleterre était occupé à
faire la guerre à ses barons pour étendre son pouvoir en Ecosse. Vainqueur à
Bannockburn, en 1314, il assura la liberté de son pays d'adoption, bien que sa
victoire ne fût pas formellement reconnue avant le traité de Northampton, en 1328.
Bruce mourut l'année
suivante; Edouard III, le nouveau roi d'Angleterre, qui avait beaucoup
d'ambition, prêta alors appui, contre le fils de Bruce, David II (qui régna de 1329
à 1371), à Edouard Balliol (fils du roi Jean Balliol), et les guerres
d'indépendance reprirent. Edouard Balliol écrasa les partisans de David II près
de Perth en août 1332; couronné roi à Scone le mois suivant, il reconnut
Edouard III comme son suzerain. En 1334, il céda à Edouard III les comtés du
sud de l'Ecosse, de Heddington à Dumfries, tandis que David II s'exilait en
France. Les nationalistes écossais battirent bientôt Balliol, mais, dans une
tentative pour envahir l'Angleterre, en sa qualité d'allié de la France dans la
guerre de Cent Ans, David II, fut fait prisonnier à Neville's Cross (1346).
Pour assurer le retour de leur roi, en 1357, les Ecossais durent payer une
énorme rançon, qui rendant nécessaire la perception d'impôts très lourds,
favorisa la représentation régulière des bourgs au Parlement. Jusqu'à sa mort,
en 1371, les tendances francophiles de David demeurèrent une menace pour
l'indépendance écossaise.
La
couronne contre les barons
A cette époque, les derniers
résultats de la « normandisation » de l'Ecosse étaient évidents. Les
nobles anglo-normands, à l'origine destinés à jouer le rôle d'agents du
gouvernement central, devinrent plus indépendants. Sous Robert II, petit-fils
de Robert Bruce et fondateur de la dynastie des Stuart (ou Stewart), qui régna
de 1371 à 1390, et sous son fils, Robert III (qui régna de 1390 à 1406), le
gouvernement central fut incapable de tenir les barons anglo-normands, alors
que le tribalisme gaélique renaissait dans les Hautes-Terres et dans les îles.
Pendant tout le XVe siècle et durant la première moitié du XVIe, le principal
thème de l'histoire écossaise fut la lutte continuelle entre la couronne et les
barons. Les Stuart avaient une faiblesse fondamentale: ils n'étaient rien
d'autre qu'une famille noble qui avait accédé au trône. Les grands nobles
étaient des sujets excessivement puissants, qui possédaient d'immenses étendues
de terre sur lesquelles ils exerçaient un pouvoir régalien, soutenus par des
charges héréditaires leur conférant des privilèges judiciaires et fiscaux que
leurs ancêtres avaient reçus de la couronne. Les rois ne pouvaient nourrir
l'espoir de détruire ces sujets trop puissants qu'en sollicitant l'aide de
certains de leurs rivaux. Mais, ainsi, la destruction d'une maison noble
s'accompagnait en général de l'ascension d'une autre maison tout aussi
menaçante pour le pouvoir monarchique.
Le Parlement écossais, qui
prit forme au XIVe siècle, était essentiellement une assemblée féodale, et les
Communes écossaises étaient incapables d'offrir à la couronne un appui même
aussi modeste que celui procuré parfois au roi par leurs contemporains anglais.
De retour en Ecosse après une longue période d'emprisonnement en Angleterre, le
fils de Robert III, Jacques Ier (qui régna de 1406 à 1437), adopta une
politique qu'allaient suivre la plupart de ses successeurs. A partir de 1424,
son règne fut inspiré par la détermination d'écraser les nobles et de restaurer
effectivement l'autorité royale. Son assassinat par une clique de mécontents
porta son fils, enfant âgé de six ans, sur le trône, sous le nom de Jacques II
(qui régna de 1437 à 1460). Ce dernier brisa la puissance des comtes de Douglas
(1455) mais il fut tué alors qu'il assiégeait Roxburgh Castle, que les Anglais
tenaient depuis les guerres d'indépendance. Son fils, Jacques III (qui régna de
1460 à 1488), s'intéressa davantage aux arts et aux sciences qu'au gouvernement
ou à la guerre. Son règne, marqué par une agitation et une opposition presque
incessantes des barons, se termina par sa défaite dans une bataille près de
Stirling; il fut assassiné peu après. Jacques IV (qui régna de 1488 à 1513)
triompha rapidement des nobles et réduisit la plus grande partie du pays à
l'obéissance. Il augmenta provisoirement le revenu royal provenant des terres
de la couronne en remplaçant les baux à court terme par des tenures
permanentes, en échange d'un droit féodal annuel fixe, mais une inflation
galopante réduisit bientôt les avantages de ce nouveau système. Jacques IV
développa aussi la pratique qui consistait à détourner au profit de la couronne
une portion substantielle des revenus de l'Eglise, qui possédait presque la
moitié des richesses de l'Ecosse. Il négocia avec les Etats européens et signa
un traité de paix perpétuelle avec l'Angleterre en 1502. L'année suivante, son
mariage avec Margaret Tudor, fille aînée d'Henri VII d'Angleterre, semblait
préluder à l'union des couronnes d'Angleterre et d'Ecosse; celle-ci dut
cependant attendre jusqu'en 1603. Renouant en effet l'alliance traditionnelle
avec la France, Jacques IV, à la tête d'une forte armée, envahit l'Angleterre,
mais il fut mis totalement en déroute et tué à Flodden en 1513.
La Réforme: Marie Stuart, reine des Ecossais.
Un autre roi mineur fut alors
porté sur le trône, tandis que se battaient les factions rivales de nobles
jusqu'à ce que Jacques V (qui régna de 1513 à 1542) fût en âge d'établir son
gouvernement personnel (1528). La même année, Patrick Hamilton, jeune partisan
de la Réforme, condamné comme hérétique, périssait sur le bûcher à Saint
Andrews. Etroitement liée au principal problème du règne, les relations avec
l'Angleterre, la Réforme devint une question explosive pour l'Ecosse. Sur ces
deux questions, Jacques V était un conservateur. Déclinant l'invitation d'Henri
VIII qui le conviait à se joindre à lui contre le pape, il adhéra à une
alliance avec la France. Son invasion de l'Angleterre, conduite sans grand
enthousiasme, s'acheva par un nouveau désastre militaire, à Solway Moss (1542).
Il mourut peu après, après que lui fut parvenue la nouvelle que sa seconde
femme, Marie de Guise, avait donné le jour à une fille.
La jeune princesse qui allait
devenir la reine Marie d'Ecosse, régna de 1542 à 1567. Envoyée en France à
l'âge de cinq ans pour être soustraite à l'influence anglaise, elle fut élevée
comme une jeune Française et épousa le dauphin François, qui devint roi de
France, sous le nom de François II, en 1559. La veuve de Jacques V, Marie de
Guise, gouvernait alors l'Ecosse en qualité de régente, et des garnisons
françaises avaient été établies dans le pays. Le ressentiment national à
l'encontre de cette domination étrangère renforça le protestantisme naissant de
certains nobles et de beaucoup des membres de la bourgeoisie urbaine. Des
insurrections éclatèrent et des églises furent détruites. Dans un sermon fameux
prononcé à Perth et qui marqua le début du mouvement de la Réforme en Ecosse,
John Knox fulmina contre "le monstrueux régiment (gouvernement) de
femmes" (1559). Les seigneurs réformateurs, connus sous le nom de la
"Congrégation", s'assurèrent le soutien d'une flotte et d'une armée anglaises,
et, après la mort de Marie de Guise (1560), la garnison française capitula à
Leith. La même année, le traité d'Edimbourg mit pratiquement fin à l'alliance
franco-écossaise et prépara la voie à une association plus étroite avec
l'ancienne ennemie, l'Angleterre. Toujours la même année, le Parlement écossais
refusa de reconnaître la suprématie pontificale et interdit la célébration de
la messe en Ecosse. Pendant plus d'un siècle, la question de savoir par quoi
remplacer l'ancienne Eglise devint le problème majeur en Ecosse. Le Parlement
de la Réforme adopta une Confession de foi; cependant, la reine Marie Stuart,
qui était revenue en Ecosse en 1561, après la mort de son mari, ne l'accepta
jamais. La plupart des dignitaires et des prêtres de l'ancienne Eglise
officièrent jusqu'à leur mort, et les ordres monastiques ne furent pas dissous.
Les Réformateurs eurent le
plus grand mal à obtenir les ressources suffisantes pour instaurer la nouvelle
Eglise sur une base nationale. Il n'y avait pas de fonds pour mettre en œuvre
les plans ambitieux pour la création d'hôpitaux, l'aide aux indigents, et un
système d'éducation nationale, comme le prévoyait le Premier Livre de
discipline (First Book of Discipline, 1561). Pour commencer, des inspecteurs
avaient été désignés pour exercer un certain contrôle sur les anciens diocèses
ecclésiastiques, mais la révolte des presbytériens, sous la conduite d'Andrew
Melville, prit la forme d'une attaque frontale contre la position historique
des évêques et mena à l'exigence d'une parité complète des ministres du culte,
comme il fut précisé dans le Deuxième Livre de Discipline (Second Book of
Discipline, 1578). Des presbytères, des synodes et une Assemblée générale,
composés de ministres du nouveau culte et de l'ancien, furent instaurés, et le
Parlement approuva la nouvelle constitution de l'Eglise en 1592.
Le règne effectif de Marie
Stuart, à partir de 1561, fut court et sans gloire. John Knox et ses associés
manifestèrent une hostilité implacable envers cette reine catholique romaine,
qui n'avait aucune aptitude à gouverner. Toute sa politique consistait à
opposer le plus possible les factions des nobles les unes aux autres. Son mariage
avec lord Darnley (Henri Stuart), successeur possible au trône d'Angleterre,
rendit ses intentions suspectes à Elisabeth Ire d'Angleterre, et lorsque
Darnley fut découvert assassiné en 1567, on soupçonna Marie de complicité avec
les meurtriers. Marie épousa alors James Hepburn, 4e comte de Bothwell,
démarche qui lui coûta ses appuis tant catholiques romains que protestants.
Emprisonnée dans la forteresse de Lochleven, elle fut contrainte d'abdiquer en
faveur du jeune fils qu'elle avait eu de Darnley, Jacques VI (qui régna de 1567
à 1625), qui allait plus tard devenir Jacques Ier d'Angleterre (1603-1625).
Marie s'évada de prison mais fut vaincue par le régent, le comte de Morlay, son
demi-frère, à Langside en 1568. Défaite politiquement, elle franchit la
frontière et se rendit en Angleterre, mais la guerre civile qu'elle avait
déclenchée ne prit fin qu'en 1573.
Jacques
VI: l'Union des deux couronnes
Pendant la minorité de
Jacques VI, une fois de plus, l'Ecosse fut gouvernée par des régents, et les
luttes entre factions reprirent après la fin de la guerre civile. Esmé Stuart,
créé duc de Lennox en 1581 par Jacques VI, essaya de rétablir l'influence
française et parvint à faire exécuter le régent anglophile, James Douglas, 4e
comte de Morton, en 1581. Les adversaires de Lennox, toutefois, s'emparèrent du
jeune roi, l'incarcérèrent dans la forteresse de Ruthven, et gouvernèrent le
pays en son nom (1582-1583). Lorsqu'il eut 17 ans, Jacques VI devint dès lors
en âge de gouverner. Après s'être évadé de la forteresse de Ruthven, il ne mit
pas longtemps à se débarrasser des seigneurs de Ruthven.
Arrière-arrière-petit-fils d'Henri VII et successeur légitime d'Elisabeth, il
avait pour ambition de devenir roi d'Angleterre. Autrement dit, tout en se
rapprochant à l'occasion de la puissance catholique du continent, il lui
fallait cependant suivre une ligne de conduite fondamentalement protestante et
anglophile. Même l'exécution de sa mère Marie Stuart dans la forteresse de
Fotheringay, en 1587, n'altéra pas sérieusement les bonnes relations entre
l'Angleterre et l'Ecosse. La complaisance de Jacques fut récompensée. A la mort
d'Elisabeth, en 1603, il fut reconnu comme le roi légitime de l'Angleterre.
Ainsi, les couronnes d'Angleterre et d'Ecosse furent-elles réunies.
De l'Union des couronnes à l'Union des royaumes (1603-1707)
Jacques VI avait des idées
très déterminées sur les prérogatives royales. Déjà avant 1603, il avait
travaillé à consolider la réputation et le pouvoir monarchique. Conscient que
par l'intermédiaire des évêques, le gouvernement pouvait s'assurer le contrôle
de l'Eglise, Jacques parvint à rétablir les évêchés, même si ces derniers
avaient perdu beaucoup de ses prérogatives. L'ancienne constitution du
Parlement écossais rendait les évêques particulièrement utiles au roi, par le
rôle qu'ils jouaient dans l'élection des Lords des articles, commission
parlementaire souvent chargée de légiférer.
Installé à Londres, Jacques
renforça considérablement la monarchie. Il n'avait plus à souffrir
personnellement de la menace des nobles hors-la-loi ni des fanatiques
calvinistes. Aidé par les ressources plus grandes de l'Angleterre, il siégea à
Londres et gouverna l'Ecosse par décrets. Il pouvait s'appuyer sur un Parlement
obéissant, et compter sur le conseil privé d'Ecosse pour exécuter ses vœux. Il
ne revit son pays d'origine qu'en une seule occasion, mais il s'intéressa
toujours vivement à son gouvernement. L'Union de 1603 était une union
personnelle, et Jacques aurait souhaité rapprocher davantage les deux pays. Ses
efforts plutôt hésitants se heurtèrent néanmoins à une opposition dans les deux
pays, et il ne fit de grands progrès que dans les affaires ecclésiastiques. Les
Cinq articles de Perth (1618) renforcèrent la position des évêques écossais et
imposèrent à l'Eglise écossaise une observance plus grande de la liturgie dans
les services et dans les sacrements.
L'Ecosse et la guerre civile anglaise
Jacques VI connaissait les limites de son pouvoir, mais son successeur Charles Ier (qui régna de 1625 à 1649), connaissant mal ses sujets écossais, s'efforça maladroitement d'achever l'oeuvre entreprise par son père. En 1635, il fit publier un livre de canons, qui transformait la doctrine. Des changements liturgiques furent imposés par le Livre des offices (1637), semblable au Livre de la prière commune anglais, mais que n'avait sanctionné ni le Parlement, ni l'Assemblée. L'instauration de ces services religieux d'un genre nouveau dans la High Kirk (Haute Eglise) d'Edimbourg (aujourd'hui l'église Saint-Gilles) provoqua des troubles dans l'église, suivis d'émeutes dans les rues. D'autres mesures prises par Charles Ier lui ayant par ailleurs aliéné presque toute la noblesse écossaise, toutes les classes sociales se retrouvèrent unies pour signer le Covenant (ou Pacte) national de 1638, qui tout en proclamant leur loyauté envers le roi, engageait ses signataires à la résistance vis-à-vis de ces innovations en matière de religion. Par deux fois, Charles tenta de réduire l'Ecosse par la force dans la Première et la Deuxième Guerre des évêques (1639-1641), mais il fut battu par l'armée écossaise, qui pénétra dans le nord de l'Angleterre. Ce désastre mit fin à la tyrannie de Charles en Angleterre, qui avait duré onze ans, et permit au Long Parlement anglais d'accomplir sa tâche.
Jacques VI connaissait les limites de son pouvoir, mais son successeur Charles Ier (qui régna de 1625 à 1649), connaissant mal ses sujets écossais, s'efforça maladroitement d'achever l'oeuvre entreprise par son père. En 1635, il fit publier un livre de canons, qui transformait la doctrine. Des changements liturgiques furent imposés par le Livre des offices (1637), semblable au Livre de la prière commune anglais, mais que n'avait sanctionné ni le Parlement, ni l'Assemblée. L'instauration de ces services religieux d'un genre nouveau dans la High Kirk (Haute Eglise) d'Edimbourg (aujourd'hui l'église Saint-Gilles) provoqua des troubles dans l'église, suivis d'émeutes dans les rues. D'autres mesures prises par Charles Ier lui ayant par ailleurs aliéné presque toute la noblesse écossaise, toutes les classes sociales se retrouvèrent unies pour signer le Covenant (ou Pacte) national de 1638, qui tout en proclamant leur loyauté envers le roi, engageait ses signataires à la résistance vis-à-vis de ces innovations en matière de religion. Par deux fois, Charles tenta de réduire l'Ecosse par la force dans la Première et la Deuxième Guerre des évêques (1639-1641), mais il fut battu par l'armée écossaise, qui pénétra dans le nord de l'Angleterre. Ce désastre mit fin à la tyrannie de Charles en Angleterre, qui avait duré onze ans, et permit au Long Parlement anglais d'accomplir sa tâche.
Lorsque la guerre civile
éclata en Angleterre, les presbytériens écossais sympathisèrent naturellement
avec les adversaires du roi. Contre la promesse d'établir en Ecosse, en
Angleterre et en Irlande le système de gouvernement ecclésial prôné par les
presbytériens, les Ecossais, par la ligue et le pacte
solennels de 1643, acceptèrent d'apporter leur plein appui au Parlement anglais et à sa majorité presbytérienne. Les régiments écossais combattirent contre le roi, en particulier à Marston Moor (1644), mais James Graham, premier marquis de Montrose, ancien covenantaire, changea de camp et leva une armée dans les Hautes-Terres pour combattre dans le camp de Charles Ier. Les forces presbytériennes furent assez puissantes pour battre Montrose à Philiphaugh (1645), mais il était clair dès lors que la domination du Parlement anglais était en train de passer des presbytériens aux Indépendants, qui détestaient autant les assemblées presbytériennes que l'épiscopat et ne respecteraient jamais le pacte de 1643.
solennels de 1643, acceptèrent d'apporter leur plein appui au Parlement anglais et à sa majorité presbytérienne. Les régiments écossais combattirent contre le roi, en particulier à Marston Moor (1644), mais James Graham, premier marquis de Montrose, ancien covenantaire, changea de camp et leva une armée dans les Hautes-Terres pour combattre dans le camp de Charles Ier. Les forces presbytériennes furent assez puissantes pour battre Montrose à Philiphaugh (1645), mais il était clair dès lors que la domination du Parlement anglais était en train de passer des presbytériens aux Indépendants, qui détestaient autant les assemblées presbytériennes que l'épiscopat et ne respecteraient jamais le pacte de 1643.
Après sa défaite finale en Angleterre, Charles Ier proposa d'établir le presbytérianisme en Ecosse pour une durée de trois ans. Une armée écossaise envahit alors l'Angleterre, mais elle fut mise en déroute à Preston (1648). Lorsque le Parlement anglais exécuta Charles Ier en 1649, les Ecossais proclamèrent son fils roi sous le nom de Charles II. Cette nouvelle menace à l'influence des puritains fut étouffée grâce aux victoires d'Olivier Cromwell à Dunbar (1650) et à Worcester (1651). Cromwell chercha à se concilier les Ecossais en leur offrant une union qui tout en les incorporant à l'Angleterre, leur garantirait une certaine représentation au Parlement de Londres et la liberté de commercer avec les colonies anglaises. Cette entente ne survécut pas assez longtemps pour qu'on puisse en apprécier la valeur, mais elle créa un précédent pour l'avenir.
La
révolution de 1688
La Restauration de 1660
rétablit l'ancien système en Ecosse de façon beaucoup plus complète qu'en
Angleterre. De nouveau, le Parlement fut placé sous le contrôle du roi par
l'intermédiaire des Lords des articles et du conseil privé. Le système
épiscopalien fut réimposé et maintenu en dépit des
rébellions armées des extrémistes presbytériens à Rullion Green, dans les Pentland Hills (1666) et à Drumclog (1679). Les covenantaires faits prisonniers furent souvent châtiés par la déportation dans les colonies américaines. En 1687, cependant, le successeur de Charles II, Jacques VII d’Ecosse
(Jacques II d'Angleterre, qui régna de 1685 à 1688) fit une proposition de tolérance. Beaucoup d'Ecossais étaient prêts à l'accepter, mais d'autres refusèrent de partager une tolérance qui était également accordée aux catholiques.
rébellions armées des extrémistes presbytériens à Rullion Green, dans les Pentland Hills (1666) et à Drumclog (1679). Les covenantaires faits prisonniers furent souvent châtiés par la déportation dans les colonies américaines. En 1687, cependant, le successeur de Charles II, Jacques VII d’Ecosse
(Jacques II d'Angleterre, qui régna de 1685 à 1688) fit une proposition de tolérance. Beaucoup d'Ecossais étaient prêts à l'accepter, mais d'autres refusèrent de partager une tolérance qui était également accordée aux catholiques.
L'Ecosse accepta la
révolution de 1688 comme elle avait accepté la Restauration, sans avoir rien
fait d'effectif pour la provoquer. Tandis qu'en Angleterre, la révolution fut
conservatrice, en Ecosse elle fut vraiment révolutionnaire. Le Parlement
écossais, libéré des Lords des articles, devint une assemblée législative
souveraine (1690). Plus révolutionnaire encore fut l'établissement d'une Eglise
d'Ecosse en qualité d'organisation presbytérienne nationale. L'Assemblée
générale se réunit en 1690 pour la première fois depuis 1653. La tournure prise
par les événements était largement due au
refus de la plus grande partie du clergé épiscopalien de prêter le serment d'allégeance à Guillaume III d'Orange et à son épouse la reine Marie II Stuart, ce qui persuada Guillaume qu'il était obligé de s'appuyer sur les presbytériens.
refus de la plus grande partie du clergé épiscopalien de prêter le serment d'allégeance à Guillaume III d'Orange et à son épouse la reine Marie II Stuart, ce qui persuada Guillaume qu'il était obligé de s'appuyer sur les presbytériens.
L'acte d'Union entre l'Ecosse et l'Angleterre en 1707
A tous égards, le résultat le
plus important de la révolution fut l'union des Parlements anglais et écossais
(1707). Aussi longtemps que le roi gouvernait l'Ecosse et avait la haute main
sur le Parlement écossais, personne en Angleterre n'avait éprouvé le besoin
d'une union plus étroite. Une fois, cependant, que le Parlement écossais eut
échappé à l'autorité royale, Guillaume III (qui régna de 1689 à 1702) se
trouvait censé servir deux maîtres. En adoptant le plan Darien, projet de
colonisation de l'isthme de Panama en Amérique, contre le gré de l'Espagne, le
Parlement risquait de compromettre sa politique étrangère, qui nécessitait de
bonnes relations avec l'Espagne.
Lorsque, sous la reine Anne,
l'Angleterre s'engagea dans la guerre de la Succession d'Espagne, tandis que
l'Ecosse sympathisait toujours avec la France, ennemie de l'Angleterre, les
arguments politiques et stratégiques en faveur d'une union complète furent
irrésistibles, du point de vue anglais. Les Ecossais auraient préféré une union
de type fédéral, dont l'Angleterre ne voulait pas. Contraints de choisir entre
l'Angleterre et la France, ils considérèrent alors que les intérêts de l'Eglise
presbytérienne seraient mieux défendus par une Angleterre protestante, bien
qu'épiscopalienne, que par une France catholique romaine. En outre, l'offre
alléchante de commercer librement avec les colonies anglaises tenta les
marchands écossais, même s'ils se rendaient compte que l'union économique avec
l'Angleterre signifierait la ruine de certaines industries écossaises, que
protégeaient des tarifs. Ce que l'Ecosse ressentit le plus fut la perte de son
Parlement. Les Ecossais, cependant, conservèrent leur système judiciaire et
leur Eglise presbytérienne.
Après l'Union
L'Union des Parlements mit
fin à l'histoire politique de l'Ecosse en tant qu'Etat indépendant, mais elle
permit les progrès économiques et culturels auxquels l'Ecosse du XVIIIe siècle
dut de connaître une grande prospérité et de traverser une des époques les plus
remarquables de son histoire. Glasgow dut son développement aux bénéfices
qu'elle tira du commerce avec l'Amérique du Nord, surtout du commerce du tabac,
et devint le centre de l'industrie écossaise. Le commerce des bovins avec
l'Angleterre prospéra. De nouvelles plantes firent leur apparition, comme les
navets et les pommes de terre. On planta des céréales sur les terres
cultivables, et l'on se mit à pratiquer la rotation des cultures de façon
régulière. La jachère, le drainage, le chaulage et la fumure devinrent des
pratiques agricoles courantes. Les propriétaires terriens accordèrent de longs
baux à leurs fermiers, et leur montrèrent comment intensifier leurs récoltes.
Les larges pans de forêts, les ceintures de protection et les champs enclos par
des levées de pierre sèche devinrent des aspects traditionnels du paysage
agricole écossais. Les fonds accordés par le gouvernement permirent d'étendre
l'industrie du lin et les pêcheries de harengs. Les revenus provenant de
domaines confisqués aux partisans jacobites des Stuart en exil furent consacrés
à la fondation d'écoles de filature et au développement du tissage domestique.
Les industries métallurgiques et chimiques se développèrent sur une large
échelle.
Edimbourg donna naissance, ou
attira à elle, de grands historiens et philosophes, des savants et des
architectes, des peintres et des hommes de lettres, des médecins et des
chirurgiens (c'est à Edimbourg que vit le jour la première édition de la
prestigieuse Encyclopaedia Britannica, publiée par William Smellie, en 1768).
La focalisation passionnée sur les controverses religieuses se calma, même si
les braises qui couvaient sous la cendre se ranimaient épisodiquement, telles
les émeutes anticatholiques de 1779.
La fin du jacobitisme
Pendant le demi-siècle qui
suivit l'Union, le problème politique déterminant en Ecosse fut l'opposition
entre les partisans de la maison de Hanovre et de l'union avec l'Angleterre
d'une part, et ceux de la maison des Stuart et d'une Ecosse indépendante d'autre
part. A deux reprises (1715 et 1745-1746), ceci conduisit à des guerres
civiles, mais en aucune de ces deux occasions il n'y eut la moindre chance
d'une victoire permanente des Stuart: en 1715, la première rébellion jacobite
fut vaincue à la bataille de Sheriffmuir, et, en 1746, après quelques succès
(bataille de Prestonpans), le prince Charles Edouard Stuart ("Bonnie
Prince Charlie") mis en déroute à la bataille de Culloden par les armées
gouvernementales, dut se réfugier en France. Seule une aide massive venue de la
cour de France aurait pu changer le cours des choses, mais celle-ci n'était pas
prête de se manifester. Même s'il en avait été ainsi, la présence de navires et
d'armées françaises sur les côtes et les champs de bataille de la Grande-Bretagne
n'auraient pas manqué de provoquer une réaction nationale fatale à la cause des
Stuart. Au milieu du XVIIIe siècle, le jacobitisme, ou soutien des prétendants
Stuart catholiques romains, en exil, était moribond.
La fin du jacobitisme
politique laissa le champ libre à de nouveaux problèmes politiques, dont
l'élaboration fut néanmoins lente. Les 45 représentants élus par les
circonscriptions électorales écossaises pour siéger à la Chambre des communes
britannique, sous l'acte d'Union, et les 16 pairs écossais élus par les autres
pairs, pour siéger à la Chambre des lords, soutenaient normalement le
gouvernement et exerçaient donc une influence plus forte qu'ils n'auraient pu
le faire s'ils avaient été désunis. L'acte regroupait les bourgs écossais en
des circonscriptions électorales n'ayant chacune qu'un seul représentant; mais
celles-ci, aussi corrompues que les circonscriptions formées par les bourgs
anglais de l'époque, étaient difficiles à gérer, à cause de rivalités locales.
La résurgence d'une véritable politique bipartite est généralement attribuée à
l'influence de la Révolution française. Les amis de la France et de la liberté
s'organisèrent et tinrent des réunions à Edimbourg, mais leurs chefs ne
tardèrent pas à être arrêtés et déporté. Le mouvement fut rejeté dans la
clandestinité, où il fut associé aux premières activités des syndicats, dans
les régions industrielles. Emigration des Hautes-Terres. La fin du système des
clans dans les Hautes-Terres et une nouvelle façon d'utiliser la terre, non
plus dans le but de nourrir et de maintenir en bonne santé le plus grand nombre
possible d'hommes, mais afin d'obtenir le maximum de bénéfices financiers,
conduisirent à l'émigration de nombreux habitants des Hautes-Terres, en général
vers d'autres parties de la Grande-Bretagne, mais aussi outre-mer et en
particulier en Amérique du Nord. Des domaines jadis capables de subvenir aux
besoins des membres des clans furent fréquemment transformés en parcs à moutons
ou en vastes étendues de forêt. Ceux qui refusaient de quitter leurs anciennes
demeures étaient souvent évincés de force. Les évictions et la rareté de
l'emploi remplirent les habitants des Hautes-Terres d'amertume et contribuèrent
à la naissance du radicalisme écossais au XIXe siècle.
Les réformes politiques
Dans les Basses-Terres, les
radicaux révolutionnaires des années 1790 cédèrent la place aux Whigs modérés,
qui, en 1802, fondèrent l'Edinburgh Review (la Revue d'Edimbourg), qui fut
longtemps le porte-étendard des Whigs, anglais aussi bien qu'écossais. Lancés
dans un difficile combat en faveur de réformes, ils ne trouvèrent aucune aide
dans les exigences des radicaux, réclamant des parlements annuels et le suffrage
universel, exigences encore accentuées par les progrès de la révolution
industrielle et la misère des tisserands.
La première victoire
importante des Whigs fut la loi de réforme parlementaire écossaise de 1832, qui
accorda le droit de vote aux boutiquiers, aux artisans, et aux fermiers, et
donna huit nouveaux sièges aux représentants écossais au Parlement anglais. On
pouvait maintenant compter sur l'Ecosse pour fournir une large majorité whig ou
libérale. La réforme municipale suivit en 1833. Les corporations qui
s'auto-élisaient furent remplacées par des conseils élus par les propriétaires
d'immeubles, qui furent aussi autorisés à élire des commissaires de police et à
percevoir des impôts auprès des habitants des bourgs pour assurer le
gouvernement local.
La deuxième loi de réforme
parlementaire (1867-1868) accorda le droit de vote à de nombreuses couches de
la classe ouvrière, et la troisième (1884-1885) accorda le suffrage aux hommes
adultes. Comme les sièges étaient attribués sur la base stricte du chiffre de
la population, l'Ecosse reçut 72 sièges sur 670. Ce nombre s'éleva par la suite
à 74, puis fut réduit à 71, lorsque fut abolie la franchise universitaire, en 1948.
Le mécontentement à l'encontre du gouvernement s'étendit à l'Eglise, où le
"patronage" des laïques entraîna la scission de 1843, qui divisa en
deux l'Eglise nationale pendant presque un siècle.
Ces griefs et un sentiment
d'infériorité favorisèrent le développement du nationalisme écossais, qui
rencontra un large soutien, mais souffrit longtemps de divisions internes. De
façon caractéristique, ce mouvement puisa la plus grande partie de sa force
dans l'ouest industriel. La croissance excessive des industries lourdes dans
cette région, tandis que la diversification ne remportait qu'un succès partiel,
demeura jusqu'à il y a peu l'un des problèmes économiques les plus pressants de
l'Ecosse.
Les difficultés économiques
continuèrent à stimuler l'émigration au XXe siècle, en dépit d'un courant
inverse d'immigration en provenance surtout de l'Angleterre et de l'Irlande.
Les finances de l'Ecosse s'assainirent (en grande partie grâce aux revenus du
pétrole de la mer du Nord), mais cette amélioration n'eut pas de conséquences
suffisantes sur le niveau de vie de l'Ecossais ordinaire. La création et
l'importance croissante du cabinet du ministre d'Etat aux Affaires écossaises
et la réorganisation des services sociaux pour l'Ecosse visèrent à améliorer
les conditions de vie de tous les Ecossais et à faire participer les habitants
des Hautes-Terres comme ceux des îles au courant dominant de la vie
britannique.
Le processus d'autonomie,
symboliquement amorcé en 1996 par la restitution à l'Ecosse de la "Pierre
de la Destinée" Stone of Destiny, la pierre du couronnement des souverains
écossais, confisquée par le roi d'Angleterre Edouard Ier en 1296, a triomphé
après les résultats du référendum tenu en septembre 1997 et l'adoption par le
gouvernement travailliste de Tony Blair de diverses mesures importantes
débouchant sur une plus grande autonomie de l'Ecosse au sein du Royaume-Uni,
notamment en matière d'éducation, de santé et des transport. Le 6 mai 1999,
pour la première fois depuis 1707, les Ecossais ont élu leur propre parlement,
dont la première séance dans le Assembly Hall d'Edimbourg (en attendant que
l'achèvement des travaux nécessaires permette au le parlement de retrouver son
siège historique de Holyrood) a été ouverte par la reine Elisabeth II.
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